Le Clairet de Bordeaux : entre tradition et identité

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Le Clairet de Bordeaux : entre tradition et identité

Le Clairet de Bordeaux : entre tradition et identité

Qu'est-ce que le "clairet" ou "claret" ?

Le clairet est un type de vin produit dans la région de Bordeaux. Représentant à peine 1% de la production, c'est une rareté. Mais son histoire est riche: son originalité réside dans le fait qu'il se situe à mi-chemin entre le vin rosé et le vin rouge. Pour comprendre et apprécier son caractère unique, il faut revenir sur son histoire.

Au Moyen-Age, nous retrouvons déjà des traces de ce vin. Le nom "clairet" est issu d'un côté du terme gascon "vin clar" et de l'autre du latin "vinum clarus". De par l'engouement qu'ils ont pour ce breuvage, les Anglais le transforment ensuite en "claret" qui devient "clairet" dans le bordelais. A l'époque, cette appellation fait référence à la grande majorité des vins produits dans la région.

Un peu d'histoire : quelque part entre la France et l'Angleterre

L'histoire du clairet est intimement liée à celle des relations politico-économiques unissant le royaume de France à l'Angleterre. Au 12e siècle, le commerce du vin s'établit entre les deux pays suite au mariage entre la duchesse Aliénor d'Aquitaine et Henri Plantagenet (le futur Henri II) en 1152.

Dans la région de Bordeaux, les grands domaines produisent alors 87% de clairet contre 13% de vin rouge. Pendant leurs trois siècles d'occupation de l'Aquitaine et jusqu'à la fin de la guerre de 100 ans en 1453, les Anglais tombent progressivement amoureux du vin de cette région qu'ils jugent meilleur que leur production locale. Ils aiment son caractère fruité, peu alcoolisé et léger. L'exportation de ce vin s'intensifie donc au 13e siècle. En 1303, 102 724 tonneaux sont exportés en Angleterre, ce chiffre ne sera plus atteint avant 1950. La notoriété des clairets a donné aux vins de Bordeaux leurs lettres de noblesse.

Le repas de Paysans

Mathieu et Louis Le Nain, Le repas de paysans, 1642.

Les anciennes méthodes de vinification

Au 13e siècle, les méthodes de vinifications privilégient la production du clairet. Les vins rouges nécessitent une longue macération et un pressurage par pressoir. Ces derniers sont la propriété des grands domaines ecclésiastiques royaux ou aristocratiques. Les clairets, fruits d'une courte macération, sont donc favorisés. Il existe plusieurs méthodes pour vinifier du clairet : il s'agit soit d'un mélange de raisins blancs et noirs qui macère pendant un ou deux jours après un foulage grossier en cuve. Le jus est ensuite mis en fûts, où il termine sa fermentation. Le vin n'est pas pressuré. Une autre méthode assemble le vin rouge ou noir au vin clairet. Une saignée est réalisée ultérieurement à la cuve, au début de la fermentation et celle-ci s'achève une fois ce vin rosé mis en fût.

Le clairet moderne

En 1949 nous assistons à la renaissance du clairet. Celui-ci est remis au goût du jour par l'illustre oenologue bordelais Emile Peynaud et le président de la coopérative de Quinsac, Roger Amiel. Le clairet moderne s'inspire des méthodes ancestrales de vinification. Il fait l'objet d'une courte macération, elle-même suivie d'une saignée. Il est réalisé à partir des cépages des Bordeaux rouges (Cabernet Sauvignon, Merlot, Cabernet Franc). Dans les années '50, le clairet devient l'emblème de la longue tradition dont il est l'héritier. Il acquiert une identité propre et unique qui fait la fierté des Bordelais.

Conclusion

 " La singularité des vins de Bordeaux semble entretenue jusque dans les termes. Aux blancs, rosés et traditionnels rouges, il faut ajouter ici le clairet. Cela peut relever du snobisme car pour le profane un clairet est un rosé foncé ou un rouge clair. Et pourtant, il suffit d'y tremper ses lèvres pour goûter à la différence... ". (1)

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Charlotte Grafé, juin 2022

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